Les magistrats du
Bénin ont effectué comme prévu la marche sur l’assemblée nationale hier 24
Juillet 2014. Cette fois-ci, de nouveaux soutiens à la cause des magistrats se
sont affichés. Entre autre, on compte, l’union fait la nation, le fonac, le
syndicat autonome du personnel de l’Assemblée nationale et l’intersyndicale des
ressources humaines en santé (IRHS) pour ne citer que ceux-là.
Fidèle
KENOU
La marche de
l’Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB) sur le parlement béninois
annoncée pour hier 24 Juillet 2014 a eu effectivement lieu. Comme d’habitude,
l’Unamab ensemble avec d’autres confédérations syndicales ont démarré la marche
de protestation de la Bibliothèque Nationale, recevant de renfort à chaque
carrefour jusqu’à la devanture du tribunal de première instance de Porto-Novo
où les magistrats enfilent leur toge et rejoignent les marcheurs. La
particularité de la marche de ce jeudi 24 Juillet, c’est que l’Unamab a
enregistré de nouveaux soutiens à sa cause. Parmi ces soutiens il faut noter
premièrement, l’Union fait la Nation. Ainsi, le président Idji Kolawolé, membre
de cette alliance se dit déterminer à « utiliser tout ce que la loi permet
pour que cette loi liberticide ne passe pas.» L’honorable Eric Houndété,
également membre de cette alliance politique était aussi présent au côté des magistrats.
D’ailleurs « les amis d’Eric Houndété » ont confectionné une
banderole pour montrer leur soutien à la cause des magistrats. En dehors de
l’Union fait la Nation, le Fonac représenté par Jean-Baptiste Elias,
l’intersyndicale des ressources humaines en santé (IRHS) représenté par son
coordonnateur Adolphe Houssou, le
syndicat autonome du personnel de l’Assemblée nationale (SYNAPA) pour ne citer
que ceux-là, sont tous entrés dans la danse. Dans leur motion de soutien l’IRHS
encourage les responsables de l’Unamab dans leur détermination à arracher le
droit de grève et invitent tous les corps de la justice à rester mobilisés et
vigilants derrière leurs responsables pour un heureux aboutissement du juste
combat engagé. De son côté, le SYNAPA explique son soutien à la marche des
magistrats par le fait qu’il est membre de la Confédération syndicale des
travailleurs du Bénin (CSTB), et puisque la CSTB soutient la marche des
magistrats, il n’est pas question que le SYNAPA soit du reste.
L’Unamab rejette la proposition d’audience de Nago
En outre, il faut
dire que l’Unamab n’est pas en phase avec la proposition du bureau de
l’Assemblée nationale de les recevoir en audience. Cette proposition explique
Michel Adjaka est rejetée par un vote à l’assemblée générale des magistrats du
04 Juillet 2014. Pour faire simple, Michel Adjaka poursuit en invitant le
bureau de l’Assemblée Nationale à « exploiter les voies légales prévues
par les textes de la république pour régler le problème qui est actuellement
sur tapis. » Il suggère que le bureau de l’Assemblée nationale donne une
suite favorable à la requête de l’un des députés de la mouvance présidentielle
relative à la proposition de loi liberticide en initiant « une enquête pour
écouter les protagonistes.» Comme il faut s’y attendre ce jeudi, ni le bureau
de l’Assemblée nationale ni le personnel administratif n’est sorti pour
recevoir le message des magistrats.
Lire les propos de quelques personnalités
Antoine Idji Kolawolé, député UN à L’Assemblée Nationale
«J’ai
bon espoir que cette loi ne passera pas »
Le bureau de
l’Assemblée nationale n’a pas voulu recevoir les magistrats qui ont fait une
marche en direction de leur représentation nationale. Cela m’a paru
inexplicable, incompréhensible, et pour tout dire, inacceptable. Mes camarades
et moi qui sommes pour l’élargissement des libertés, nous sommes venus non pas
pour prendre la motion à la place de l’autorité de l’Assemblée nationale, mais
pour dire aux magistrats que nous sommes pour l’indépendance de la justice,
nous sommes pour que les magistrats puissent jouir de leur droit
constitutionnel à sacrifier ou s’il le faut à aller en grève.
Que
pensez-vous faire pour inverser la donne?
Nous utiliserons
tout ce que la loi permet pour que cette loi liberticide ne passe pas. Il y a
une session extraordinaire qui vient d’être convoquée dans quelques jours. Nous
nous battrons, et je sais que même les députés FCBE ne sont pas en faveur de
cette loi-là. J’ai bon espoir que cette loi ne passera pas, parce que si elle
passe, c’est le Bénin qui recule.
Sur
quoi comptez-vous, vous qui êtes en sous nombre?
On compte sur le
patriotisme des béninois, sur le soutien du peuple, parce que la lutte que mène
les magistrats est une lutte largement populaire. Et les députés qui ne veulent
pas trahir leur mandant, devrait songer au vote qu’ils vont émettre.
Michel Adjaka, Président de l’UNAMAB
«On a honte de nous et on nous invite pour discuter de quoi ? »
Je dois vous
remercier, parce que lorsque l’Unamab a sonné la mobilisation, vous avez
répondu massivement présent parce que la cause est juste. Chers amis de la
presse, tous mes remerciements, toute ma profonde gratitude, parce que aussi
lorsque nous pouvoir judiciaire, troisième pilier de l’Etat de droit, lorsque
nous avons été attaqué par les deux premiers pouvoirs à savoir l’exécutif et le
législatif, vous avez répondu massivement présent pour nous soutenir, au front,
une fois encore merci.
Chers amis
manifestants, le peuple souverain, vous êtes en train de porter haut les
flambeaux de notre démocratie à travers le pouvoir judiciaire, je vous remercie
aussi. Que dire au bureau de l’Assemblée Nationale ? Nous sommes venus
ici, le 10 juillet 2014, on nous a dit que parce que le président Nago est au Canada, nous
n’allons pas pouvoir délivrer notre message. Nous sommes revenus le 17 Juillet
2014, on nous a dit parce que le président de l’Assemblée Nationale est en
mission chez lui, nous n’allons pas délivrer notre message. Nous sommes revenus
une troisième fois aujourd’hui, le président de l’Assemblée nationale a réuni
son bureau, pour nous dire qu’il ne va pas nous entendre, qu’il ne va pas nous
écouter. L’un dans l’autre, cela s’appelle du mépris. Et vous avez compris que
l’Assemblée nationale à travers son bureau de la sixième législature affiche du
mépris vis-à-vis du peuple que nous sommes. En son temps vous saurez en tenir
compte, je sais compter sur vous.
Le président de
l’Assemblée Nationale nous a proposé la formule d’audience. A l’assemblée
générale du 04 Juillet 2014, un collègue en service ici est venu défendre cette
cause-là, et un vote a été émis, je ne sais pas si le président de l’Assemblée
nationale n’est pas au courant. Le vote est défavorable à une audience du
bureau exécutif de l’Unamab à l’endroit du bureau de l’Assemblée Nationale.
Puisque vous savez que dans ce bureau il en a qui ont déclaré publiquement
qu’ils ont honte des magistrats. On a honte de nous et on nous invite pour
discuter de quoi ? Vous savez aussi que au même moment où le président de
l’Assemblée Nationale et son bureau
donnent l’impression de faire montre d’une certaine ouverture, la loi
liberticide que nous déplorons contre laquelle nous marchons depuis trois
semaine a été enrôlée en plénière, et c’est au même moment qu’on nous demande
de venir pour discuter. Un député de la mouvance présidentielle a compris et a
utilisé l’article 120 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui dit
que face à un sujet majeur on peut initier une enquête pour écouter les
protagonistes. Si le président Nago veut nous écouter, il peut donner suite à
cette demande à lui adresser par l’un de ses collègues le 21 Juillet 2014,
procéder autrement, c’est chercher à nous infantiliser. Chercher à nous montrer
que nous ne savons pas emprunter les voies les plus appropriées. Le droit de
marcher, le droit de manifester est un droit constitutionnel. La demande
d’audience formuler par le bureau de l’Assemblée nationale ne se trouve nulle
part, ce n’est pas une voie légale. Je demande donc à ce bureau d’exploiter les
voies légales prévues par les textes de la république pour régler le problème
qui est actuellement sur tapis.
Par rapport à la
marche, nous avons marché trois fois. Nous allons évaluer le dispositif que
nous avons mis en place depuis trois semaines, communiqué pour plus de
mobilisation, parce que la route sera longue et elle va conduire inexorablement
vers 2016. Au lieu de simplement s’accrocher au droit de grève, il est temps
maintenant que nous puissions nous intéresser aux propos de madame le ministre
de l’agriculture. C’est là l’enjeu fondamental, c’est là, la finalité du
retrait du droit de grève aux magistrats. Donc en son temps vous serez informé,
nous allons sonner à nouveau la mobilisation pour revenir. Parce-que certains
députés estiment que si nous continuions par venir sur l’esplanade ils ne
pourront pas délibérer en toute objectivité. Donnons-leur le temps de délibérer
et nous aviserons en son temps. Je vous remercie.
Propos
recueillis par Fidèle KENOU
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire