Alors que la nouvelle carte
universitaire est décriée par les parlementaires et les organisations de la
société civile, le gouvernement du président Talon n’a pas cru devoir faire
marche arrière. Il a foncé tête baissée en passant à l’adoption de cette carte
universitaire non consensuelle au cours du conseil des ministres du 28
Septembre 2016 dernier. En passant outre, les récriminations du peuple contre
cette carte universitaire, le régime dit de la rupture vient de sacrifier à
l’autel les années de lutte de l’Association Task-Force et d’autres
organisations pour l’avènement d’une université pluridisciplinaire digne du nom
dans la capitale du Bénin à savoir Porto-Novo. Témoin des luttes aujourd’hui
remises en cause, le Prof Noukpo Agossou vous replonge dans l’histoire par son
opinion publiée ci-dessous.
Pr Noukpo AGOSSOU (PhD) |
Une menace pèse sur cette ville,
un acharnement qui ne dit pas son nom. Le gouvernement n’ayant pas réussi –
face à la levée de bouclier des organisations de développement dont Task Force
en tête – à imposer son projet initial de réduction de la carte universitaire à
deux universités, celle d’Abomey-Calavi et celle de Parakou, il s’est visé de
passer par une autre supercherie politico-intellectuelle pour dépouiller
Porto-Novo de ce qui constitue ses entités universitaires. Les auteurs du
projet scélérat se croient-ils être les seules intelligences de ce pays pour
faire avaler à tous une si grotesque couleuvre ?
|
Les interrogations suscitées par
ce projet très controversé, ce qui n’a pas manqué de donner aux pêcheurs en eau
trouble l’occasion d’intoxiquer au maximum l’opinion publique nationale et même
internationale, m’amènent à rédiger les lignes qui suivent pour éclairer le
plus grand nombre. Ils sont fort nombreux, ceux qui s’agitent autour de la
question, qui pourtant n’en savent pas grand-chose. Car fort peu sont au parfum
de la genèse de l’enseignement supérieur dans notre pays, qui aujourd’hui
s’érige en spécialistes. D’où la nécessité de remonter aux origines de
l’enseignement supérieur et de l’université en notre pays.
Aux sources lointaines de l’université au pays
Aux sources lointaines de l’université au pays
L’origine de l’enseignement supérieur, pour ne pas dire de
l’université en notre pays se trouve profondément enracinée dans les entrailles
de la ville de Porto-Novo. Cela, c’est un fait qu’aucun historien sincère ne
saurait gommer du jour au lendemain. À moins de virer dans la démagogie ou dans
l’idéologie. En effet, tout commença par la Propédeutique dès le début des
années 1960, boulevard lagunaire, dans un domaine ayant abrité plus tard la
direction des ressources humaines du ministère de l’éducation nationale, et
rasé en 2010 lors de l’aménagement dudit boulevard à l’occasion de la
célébration du cinquantenaire de la fête de l’indépendance du Bénin. Cette
propédeutique a évolué pour donner le Centre d’enseignement supérieur (CES)de
Porto-Novo dont la célèbre Maison blanche érigée dans l’enceinte du lycée
Béhanzin où étaient dispensés les enseignements des anciennes sections de
Mathématiques Générales Physique (MGP), Mathématiques Physique Chimie (MPC),
Physique Chimie (PC), Chimie Biologie Géologie (CBG), et plus tard Chimie
Biologie Géologie Agro (CBG Agro).
Le CES de Porto-Novo sera à un
moment donné jumelé avec celui de Lomé pour former l’Institut d’enseignement
supérieur du Bénin (IESB), avec les disciplines littéraires (Lettres modernes, Anglais,
Allemand, Espagnol, Géographie, Histoire) à Lomé. Mais parallèlement le projet
d’université de Porto-Novo – car c’est bien de cela qu’il s’agissait à l’époque
– projet en gestation depuis l’indépendance, poursuivait son chemin. Notamment,
des financements conséquents furent consentis par l’UNESCO pour finaliser les
études en vue de la concrétisation de cette université. En 1969 le gouvernement
dahoméen put obtenir de son homologue américain un premier crédit de $ 200 000
US (soit 500 000 000 de FCFA) de
l´époque. Un domaine de quelque mille (1 000) hectares avait été même retenu
entre Waundo et Akporo-Miserete pour abriter le campus universitaire. Dans
l’esprit de ses concepteurs, elle aurait vocation régionale et devrait être
bilingue français/anglais. La première pierre en aurait même été posée par le
président ÉD Zinsou, n’eût été le coup d’État militaire survenu brusquement en
décembre 1969! Un an plus tard les rivalités politiciennes entre Hubert
Coutoukou Maga, Justin Tomètin Ahomadégbé et Sourou Migan Apithy, réunis au
sein du conseil présidentiel, finissent par avoir raison de l’université de
Porto-Novo. C’est dans cette ambiance délétère qu’il a été décidé de transférer
l’université de Porto-Novo à Abomey-Calavi. Face au refus de l’UNESCO de
cautionner une telle supercherie, la France vola au secours en dotant la
nouvelle université du Dahomey des premières infrastructures dont la FAST et le
rectorat.
À l’époque, étudiant en
géographie à Lomé, avec tous les étudiants dahoméens nous effectuâmes le voyage
d’Abomey-Calavi pour assister à la pose de la première pierre de cette fameuse
université dont É. Adjanohoun fut nommé premier recteur. Ainsi donc pour des
raisons absolument obscures que seuls nos trois feu présidents sont les seuls à
pouvoir expliquer d’outre-tombe ?, l’université ne verra point le jour à
Porto-Novo! Et ce en dépit d’une vielle tradition intellectuelle extrêmement
vive dans cette ville, depuis l’école primaire supérieure, le collège classique
Victor Ballot, devenu lycée du même nom avant d’être rebaptisé à juste titre
lycée Béhanzin après l’indépendance, etc. Cahin-caha Porto-Novo abrita l’École
normale des instituteurs F. Nadjo, transformée plus tard en École normale
supérieure (ÉNS). Cette entité comprenant toutes les disciplines de
l’enseignement secondaire, put former la plupart des professeurs sur un certain
nombre de générations. Et ce jusqu’au gel des recrutements. Puis l’ÉNS de
Porto-Novo sera amputée des sections scientifiques transférées à Natitingou.
Ainsi fonctionne-t-on toujours au Bénin, en dépouillant Porto-Novo la capitale
au profit d’autres villes. En plus de l’ÉNS la ville peut abriter néanmoins
d’autres institutions universitaires : l’INJEPS, l’IMSP. Entre temps le besoin
devenait plus que pressant de créer une 2e université au Bénin, pour
désengorger ce qui était encore la seule université nationale du Bénin. Ce
dernier était devenu pratiquement un monstre avec ses effectifs pléthoriques et
ingérables. Dans tous les cas il était apparu plus juste de doter la ½ nord du
pays de la 2e université, d’où le choix de Parakou qui ne provoqua d’ailleurs
aucun remous dans le public. Dans la foulée et comme d’autres villes,
Porto-Novo fut gratifiée d’un centre universitaire avec la création de la FLASH
logée dans des locaux construits dans l’enceinte de l’ÉNS. La FLASH sera plus
tard délocalisée à Adjarra. L’IMSP, établissement de référence sur le continent
africain, restera longtemps confiné dans un immeuble peu fonctionnel en
location au quartier Avakpa. Le campus de Dangbo n’a pu être disponible à
l’origine que grâce à la célérité et au sens patriotique d’un ancien ministre.
Tous les esprits gourmands qui rôdent aujourd’hui autour de cet institut en
connaissent-ils au moins la genèse ? Une autre occasion permettra de lever un
coin de voile sur cette affaire... Entre 2007 et 2014, le projet d’université
koweitienne de Porto-Novo (UKP)doté d’un financement initial de 100 milliards
de FCFA, n’a pu voir le jour à Porto-Novo. Après maintes péripéties site contre
site indisponible et introuvable entre Porto-Novo et Adjarra, l’UKP sera
délocalisée à ... Comè!
L’histoire recommencée 45 années
plus tard. Quel acharnement sur la ville des Villes! Et pourquoi?
L’université
de Porto-Novo : 2015
Cependant, face à toutes les
injustices aussi grotesques les unes que les autres dont est victime leur
région, des enfants de l’Ouémé et du Plateau, qui n’acceptent pas de baisser
les bras, ont décidé de commencer à dire non. Être homme, c’est être capable de
dire non, affirme un philosophe. Forts de cela, les fils, filles, ami(e)s,
sympathisant(e)s de l’Ouémé et du Plateau se sont regroupés au sein de
l’Association TASK FORCE Ouémé/Plateau, afin de défendre les intérêts de leur
région toujours bafoués, le SUD-EST du Bénin, qui n’est pas la région la plus
défavorisée de ce pays, malgré tout ce que les politiciens et d’autres forces
obscures qui se cachent dans certains cabinets tentent de faire accroire à la
population. Ce sont les luttes conséquentes, acharnées et inlassables de Task
Force qui, notamment, tous les acteurs politiques nationaux, régionaux et
locaux sincères le reconnaissent, qui ont abouti en 2013à la création de la
Faculté spéciale de médecine de Porto-Novo, puis en 2015 de l’université de
Porto-Novo que l’actuel gouvernement s’évertue à nous enlever sous tous les
prétextes possibles. L’université de Porto-Novo veut garder toutes ses entités
et, au mieux, les développer : École Normale Supérieure, Institut National de
la Jeunesse, de l’Éducation Physique et du Sport, Institut de Mathématiques et
de Sciences Physiques, Haute École Régionale de Commerce Internationale, Centre
Béninois des Langues Étrangères, Faculté des Lettres, Arts et Sciences
Humaines, Faculté Spéciale de Médecine.
J’ai appris lentement la
grammaire. A. de Saint-Exupéry, Pilote de guerre.
Ça risque d’être vrai, la
grammaire française est la connaissance la moins partagée aujourd’hui au sein
de l’élite béninoise. Elle l’est encore moins au sein de la population scolaire
et universitaire. Beaucoup de gens parlent et écrivent comme bon leur semble,
sous le fallacieux prétexte, entre autres, que le français n’est pas notre
langue maternelle. Soit, mais sont-ils capables de mieux maitriser leur soit
disant langue maternelle ?
Dans le cas de figure, on peut se
livrer à un exercice d’étude de texte. Pour constater que, ou bien les experts
auteurs du projet de carte universitaire n’y voient que brouillard en matière
de cartographie, ou bien la restructuration revêt pour eux un autre contenu
sémantique.
D’après le Comité français de
cartographie (CFC), « la carte est la représentation conventionnelle,
généralement plane, en positions relatives, de phénomènes concrets ou
abstraits, localisables dans l’espace » .
Au-delà de cette définition, il
importe de retenir que ce qui importe, c’est ce qu’on veut faire de la carte,
de ce précieux outil de prise de décision. La carte permet d’avoir une vue
claire, synthétique, de la réalité des phénomènes localisables dans l’espace.
Dessiner la carte universitaire, c’est offrir aux décideurs une vue synthétique
pour faciliter la prise de décision éclairée.
Dans le cas d’espèce, la
géographie, ça doit servir à rapprocher les prestations des bénéficiaires, et
non le contraire. Or à quoi assiste-ton ?
La nouvelle carte universitaire
du Bénin, ‘’savamment’’ élaborée dans les bureaux du ministère de
l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, éloignera les
prestations universitaires des bénéficiaires que sont les étudiants.
De la sorte elle fera tout le
contraire de ce qui est préconisé ou clamé sur toutes les ondes. Mais la
démagogie ne passera pas. Les peuples savent de plus en plus où se trouvent
leurs intérêts et qu’est-ce qui leur convient. À bas les ‘’élites trompeuses’’
qui, sous le couvert de la défense des peuples, ne pensent qu’à leurs intérêts
égoïstes.
Ces messieurs s’imaginent
peut-être qu’en dehors d’eux, nul autre ne connait la cartographie. Qu’elle est
donc cette carte sans échelle ? En bon cartographe, ils doivent savoir qu’une
carte sans échelle est illisible, et donc n’a pas de valeur. À quelle échelle
se situe leur carte universitaire ? Quelle est donc cette carte qui fait
abstraction des réalités du terrain des usagers ?
Le nouveau décret de carte
universitaire du Bénin crée, entre autres, l’université nationale thématique
d’agriculture de Porto-Novo. Un véritable bluff provocateur!
Lorsqu’on lit cette carte, force
est de constater qu’il s’agit d’une œuvre de génie, réalisée par une équipe de
génies géographiques et cartographiques, tellement doués qu’ils en sont convaincus
que tous les lecteurs adhèreront à leur projet les yeux fermés, que dis-je, un
chef-d’œuvre tellement génial que ses concepteurs sont persuadés qu’en dehors
de leurs intelligences, toutes les autres ne peuvent qu’être inférieures. À
moins que...
Les experts cartographes
regroupés autour de la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche
scientifique, enfermés dans leurs bulles et ou nuages de points, n’ont pas vu
ou pu voir la réalité terrestre des apprenants venant de tous les horizons géographiques
béninois et d’autres régions du continent...
À quoi assistons-nous dans le cas
de l’Université nationale d’agriculture de Porto-Novo ? À l’inverse de la
réorganisation, on a affaire à la désorganisation des structures existantes,
d’une part et de l’autre, à des déménagements institutionnels. Il faut plaindre
le prochain recteur de l’UNA/PN, car il devra veiller, depuis son rectorat
(qu’il reste à construire dans on ne peut dire combien d’années) sur des
instituts et facultés situés à plus de 600 – 700 km de lui. Drôle de manière de
rapprocher les prestations universitaire des étudiants, qui consiste à les en
éloigner, pour les amener à affronter des embouteillages, beaucoup de stress,
subir des va et vient car les prestations desquelles nous parlons, comme tous
les usagers le savent par expérience, ne s’obtiennent presque jamais du premier
coup, connaissant la grande diligence de nos administrations en général.
Il faut plaindre davantage encore
les apprenants, pardon les étudiants de Djougou, Kandi et autre Gogounou qui se
verront bien obligés de parcourir la bagatelle de 600 km de distance pour venir
quêter des prestations que leur offrira le rectorat dont dépendra leur
institution! Misère. Que signifie pour ses pauvres hères la restructuration nouvelle
formule ? qu’ils devront dépenser les maigres ressources mis chichement à leur
disposition par leurs parents pour aller chercher des prestations dont ils
peuvent être assurés qu’ils ne les obtiendront pas le même jour, connaissant le
rythme de fonctionnement des administrations béninoises, dont celle de nos
universités nationales.
Mais la restructuration ainsi
décidée, semble poser plus de problèmes qu’elle n’en résout.
• Elle
ne résout nullement le problème du rapprochement des usagers du service, bien
au contraire.
• Un
des projets poursuivis par toute réforme administrative en général, et celle-ci
en particulier.
Les étudiants de la Flash – Adjarra,
ceux de l’INJEPS comme ceux de l’ISMSP de Dangbo se verront de nouveau obligés
de faire le trajet jusqu’à Abomey-Calavi, soit environ 80 km en moyenne pour
faire face à leurs prestations académiques. Ceux de l’ENS une distance moindre,
mais pas moins de 60 km tout de même !
Et puis il y a les coûts y afférents, en moyenne 3 000 F à 5 000 F
à chaque déplacement ! Drôle de manière de rapprocher les prestations des
usagers, vous en conviendrez, n’est-ce pas ?
Dans cette opération de
restructuration de la carte universitaire, la variable spatiale aurait dû être
le critère basique pour ne pas aboutir au résultat contraire ou tout le moins à
un résultat autre que celui qui était recherché.
Qu’on se souvienne de l’un des
critères fondamentaux qui ont présidé au choix des six nouveaux chefs-lieux de
départements ! N’est-ce pas bien la centralité des villes ? Ici également il
aurait fallu en appeler sinon à la science géographique, tout au moins à la
dimension spatiale.
Alors qu’on croyait gagnée la
bataille pour l’érection d’une université à Porto-Novo, voilà que le
gouvernement de la rupture prive cette ville et, par la même occasion, la
dépouille des entités universitaires situées sur sa terre et ses environs. Du
coup, Porto-Novo a droit à (et se trouve confinée dans) une situation
totalement inédite, jamais usitée nulle part au monde.
Ainsi opère le génie de nos
surdoués en cartographie universitaire!
À travers mes séjours d’étude et
d’enseignement sur trois continents (Afrique, Europe, Amérique), à travers mes
lectures et recherches à travers tous les centres et organes de documentation,
je n’ai pas réussi à dénicher un monstre comparable à celui qu’on tente de nous
faire accepter en guise d’université dite nationale d’agriculture de
Porto-Novo. Ces messieurs-là feraient sans doute mieux de mettre leurs énergies
au service du bien, au service du développement national à travers le
développement harmonieux de toutes les entités régionales qui constituent les
réalités sociales et culturelles du pays, plutôt que de s’époumoner à vouloir
retarder coûte que coûte une partie du territoire national. N’en déplaise à nos
supers concepteurs, dans le monde contemporain, la tendance la plus forte est à
la création d’universités à l’échelle humaine, de préférence aux mastodontes
ingérables, sources de toutes sortes de difficultés.
La tendance lourde est à la
constitution d’universités éclatées sur plusieurs campus.
Si nous nous en référons à la
situation qui a prévalu au Canada dans les années 1970, c’est bien une telle
politique universitaire qui a été mis en œuvre dans la province francophone du Québec,
avec son réseau des 10 universités ou établissements du Québec judicieusement
distribués sur l’ensemble du territoire provincial. Une province de1 667 441
km2vaste comme 14 ½ fois le Bénin. On a ainsi :
• Université
du Québec à Rimouski (UQAR),
• Université
du Québec à Trois-Rivières (UQATR),
• Université
du Québec à Hull (UQAH),
• Université
du Québec à Chicoutimi (UQAC),
• Université
du Québec à Montréal (UQAM),
• Université
du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT),
• Université
du Québec en Outaouais (UQO),
• Institut
national de la recherche scientifique (INRS),
• École
de technologie supérieure (ÉTS),
• Téluq
(Télé Université),
• École
nationale d’administration publique dans la capitale provinciale Québec.
Cette politique de
régionalisation des universités du Québec a eu d’énormes effets induits en
termes de rapprochement de l’enseignement supérieur des usagers ; en termes de
création/renforcement des pôles de développement ; en termes…
En France c’est la même
philosophie d’écartement/desserrement des universités qui a été mise en œuvre
après mai 68, notamment avec la dislocation de l’ancienne Université de Paris,
devenue un mastodonte ingérable.
Elle enfantera douze nouvelles
universités, dont presque la moitié en région parisienne (Paris 8 à Paris 12)
et plus tard Paris 13, également en région. Les 7 premières étant conservées
dans le Paris intra muros.
Les universités américaines les
plus prestigieuses et en même temps les plus riches ne sont pas des mastodontes
en termes d’effectifs. Que ce soit Harvard, MIT, Yale, etc., aucune n’a jamais
enregistré des effectifs pléthoriques. Le MIT, ce n’est que 10 894 étudiants
pour 1 030 enseignants et Harvard 20 042 étudiants, Stanford, c’est 14 890
étudiants, Yale, 12 312 (2015) étudiants, New York, l’université la plus
populeuse, ne fait que 58 547 étudiants, d’après les statistiques recueillies
sur Google.
Telle est la règle générale dans
le monde. Les universités américaines de l’Ivy League sont un groupe de huit universités privées du
nord-est des États-Unis, qui figurent parmi les plus anciennes (sept ont été
fondées par les Britanniques avant l'indépendance) et les plus prestigieuses du
pays. Prenez Oxford (22 348, 2014), Cambridge (19 515, 2014), en Grande
Bretagne, ou encore toutes les prestigieuses universités suisses, que sais-je
encore ? En comparaison avec l’UAC qui frôle probablement les 90 000 et qui ne
tardera pas, au rythme de la nouvelle restructuration, à franchir la barre des
100 000 étudiants!
Il serait bon de rappeler à nos
maitres concepteurs de la nouvelle carte universitaire, que ce n’est pas la
trop forte massification des effectifs qui fait la qualité de l’enseignement
supérieur. Certes il y a un seuil critique en dessous duquel des économies
d’échelle ne sauraient être envisagées. Mais les départements de l’Ouémé et du
Plateau qui comptent respectivement 1 100 404 et 622 372 habitants , sont
nettement en mesure de nourrir de telles ambitions. À titre d’exemple
l’immeuble abritant les services du rectorat de l’université de Porto-Novo, pas
celle d’agriculture, a été pris en bail par l’association Task Force avec le
soutien financier combien appréciable de sympathisants.
Impossible, dès lors, de ne point
esquisser de rapprochement entre le sort de la capitale du Bénin Porto-Novo, et
la situation actuelle de ville universitaire inédite que s’évertue à imposer
aux peuples de l’Ouémé et du Plateau, le gouvernement.
À
décapitale, désuniversité!
La nouvelle université nationale
d’agriculture de Porto-Novo a tout d’un monstre unique au monde. On dépouille
cette ville qui stagne pratiquement depuis un demi-siècle, de toutes ses
entités universitaires chèrement acquises. On lui arrime je ne sais quelles
entités d’agriculture situées toutes hors de ses entrailles. Quelle
monstruosité!
À l’analyse, on ne peut
s’empêcher d’établir un parallèle entre ce gros bluff que représente cette
coquille vide pompeusement baptisée université nationale d’agriculture, d’une
part, et, d’autre part la capitale Porto-Novo.
De même que le statut de capitale
de Porto-Novo est un gros bluff juridico-politique, de même l’université
nationale d’agriculture de Porto-Novo relève de l’inédit.
Il ne s’agit en effet que d’une
capitale de jure, par opposition à la capitale de facto. Porto-Novo capitale du
Bénin, 99 % de la matérialité des attributs de la capitale se trouvent
implantés à Cotonou. Cela saute aux yeux et en 26 années de mise en œuvre d’un
programme pompeusement baptisé « Programme spécial de réhabilitation de la
ville de Porto-Novo » (PSRP), Porto-Novo n’a eu droit, fort péniblement et
laborieusement qu’à la construction de la Cour suprême. On connait toutes les
péripéties et toutes les difficultés enregistrées par le dossier de l’érection
de l’hémicycle à Porto-Novo. Dans le même espace de temps, les infrastructures
de capitale n’ont de cesse d’être érigées à Cotonou : nouvel immeuble de la
présidence de la République, nouvel immeuble du ministère des affaires
étrangères, nouvel immeuble du ministère de l’environnement, tours
administratives abritant plusieurs ministères, etc.
Assurément la volonté politique
n’est pas au rendez-vous de la recapitalisation de Porto-Novo.
Étrange destin que celui de cette
ville sur laquelle tous s’acharnent et dont le peuple demeure irrémédiablement
passif.
Or Hessel préconise de s’indigner
: « Indignez-vous » .
Et ce philosophe espagnol de rappeler très humblement que la politique,
c´est :
« L´ensemble des raisons d´obéir
et des raisons de se rebeller ».
Je crains que, pas plus que par
le passé, et notamment après la publication de « Porto-Novo, décapitale du
Bénin », ce peuple ne bouge guère. Car il n’arrive au peuple de l’Ouémé/Plateau
que ce qui arrive à toute personne réfugiée sous un arbre : « à force de ne
point broncher/bouger, ce sont les oiseaux qui lui défèquent sur la tête ». Car
il ne faut jamais oublier que la politique, c´est :
« L´ensemble des raisons d´obéir
et des raisons de se rebeller ».
Les peuples de l’Ouémé/Plateau ne
veulent plus être ceux qui « tendent la seconde joue chaque fois et toutes les
fois qu’on leur administre un soufflet ».
Dorénavant nous sommes
véritablement dans l’un des cas de figure décrits par un des spécialistes de la
science politique , qui distingue six échelles de conflits :
• le
mécontentement régional ;
• l´opposition
politique sur une base régionale ;
• la
revendication de l´originalité culturelle et linguistique de la région ou
groupe ;
• le
désir d´autonomie interne ;
• la
rébellion ;
• le
soulèvement sécessionniste.
Car en fait le peuple le plus
pacifique qui soit, lorsqu´il est totalement acculé, ne recule plus. Car
pacifisme ne saurait être synonyme d´apathie.
« Si tu commandes à ton peuple
d´aller se jeter à la mer, il fera la révolution. »
De la même manière « Si tu prives
ton enfant de nourriture, il volera. »
Ne l’oublions pas, dans un régime
démocratique comme le nôtre,
« Avoir la liberté politique
devrait signifier pour les individus qu´ils sont libérés de la politique sur
laquelle ils n´ont pas de contrôle effectif. » .
Telles sont quelques-unes des inquiétudes
que les peuples de l’Ouémé & du Plateau tenaient à partager avec leurs
autres frères et sœurs du reste du Bénin.
Que diable est donc ce pays le
Bénin où rien n’est jamais bénin, et où les choses en apparence les plus
simples sont inutilement compliquées à l’infini ?
Mais
Porto-Novo, c´est aussi une ville qu´inquiète l´avenir.
« Désacraliser la capitale et
construire la rupture ».
Désacraliser la capitale et
construire la rupture impliquent que nous ne devions point nous laisser
caresser l´épiderme et endormir la conscience par le seul fait que toutes les
constitutions de la République jusqu´à ce jour, proclament pudiquement que
Porto-Novo est la capitale du Bénin.
Le parallèle entre la réalité
selon laquelle, conformément à l’article 1er, titre 1er de la Constitution du
11 décembre 1990 :
« La
Capitale de la République du Bénin est PORTO-NOVO ».
« La
Capitale de la République du Bénin est PORTO-NOVO ».
Et le fait que Porto-Novo vient
d’être cyniquement dépouillée de ses entités universitaires naturelles,
endogènes, autochtones, pour se voir investir d’une prétendue université
nationale d’agriculture hors les murs, est incontournable !
Étrange destinée que celle de
cette ville !
Le gouvernement précédent, tant
décrié aujourd’hui, a doté Porto-Novo et Kétou de deux universités, i. e. de
deux pôles de développement. Tout le monde sait que c’est l’université qui a
fait Abomey-Calavi, demeuré jusque dans les années 1970un gros village
quasiment ignoré du monde. Que dis-je, le gouvernement précédent a doté
Porto-Novo et Kétou de deux universités : il n’appartient pas au gouvernement
actuel ni à un quelconque autre gouvernement responsable, de les leur enlever.
Car dans le cas particulier de Porto-Novo, il s’agissait d’essayer de réparer un
tantinetune poignante injustice.
18/08/2016
Pr Noukpo AGOSSOU (PhD)
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