Personne n’aime investir dans une atmosphère d’instabilité.
L’atmosphère de crise de confiance qui règne actuellement au sein des conseils
communaux et municipaux n’est pas une première dans l’histoire des
collectivités locales au Bénin. Elle rappelle exactement ce qui s’était produit
il y a quelques années vers la fin du premier mandat de l’ex président de la
République Boni Yayi entre 2009 et 2010. En cette période, un tsunami de
destitution a eu raison de plusieurs autorités communales du Bénin. On s’étonne
que ce même phénomène réapparaisse quelques années plus tard au début du mandat
du président Talon. Pour un gouvernement qui prône la rupture avec les vieilles
habitudes, on s’étonne de la fréquence des destitutions. Chose curieuse, cet
état de chose n’inquiète guerre le président Talon, son ministre de la
décentralisation, Barnabé Dassigli ni ses préfets. Ce qui amène à se demander
si les destitutions de maires sont la trouvaille de l’actuel régime pour mieux
contrôler les collectivités locales ? En tout cas, la situation inquiète
déjà l’Association Nationale des Communes du Bénin. Dans la déclaration rendue
publique par Luc Atropkpo et les membres de son bureau le 7 octobre dernier,
des inquiétudes ont été relevées par rapport au risque de fragilisation du
processus de la décentralisation au regard de ces destitutions massives de
maires. Ils ont saisi la balle au bond pour appeler le Chef de l’Etat, le
ministre de la décentralisation et les préfets à prendre leurs responsabilités
en prenant des mesures idoines pour une meilleure gestion des crises qui
secouent actuellement les mairies.
Déclaration du Bureau Exécutif de l’Association Nationale des Communes du Bénin au sujet de la situation de destitution des maires
Houéyogbé, le 07 octobre 2016
Réuni en
session extraordinaire à la mairie de Houéyobgé, le Bureau National de l’ANCB
fait la déclaration dont la teneur suit :
Depuis
quelques mois, l’Association Nationale des Communes du Bénin constate une vague
de destitution des maires. Face à cet état de choses, l’association rappelle à
tous les acteurs de la vie publique locale que les enjeux principaux de la
décentralisation sont : la démocratie à la base et le développement local.
Après deux
mandatures au cours desquelles des acquis majeurs ont été enregistrés et
relevés par le Forum bilan de la décennie de la décentralisation d’octobre
2015, la troisième mandature en cours devrait être celle de la maturité de
notre décentralisation, celle qui devrait permettre de radicaliser la lutte
contre la pauvreté.
Cette série
de destitution que l’on observe actuellement risque de discréditer notre
décentralisation tant soutenue par les partenaires au développement et
d’hypothéquer la stabilité qui caractérise notre système démocratique apprécié
par l’opinion nationale et internationale.
Les membres
du Bureau National de l’ANCB ont suivi les déclarations de certains acteurs de
la société civile notamment Social Watch, la Fondation « Le Municipal » et
quelques responsables syndicaux à travers différents canaux. Ils les remercient
pour leur sens d’objectivité et de patriotisme dans l’analyse de cette
situation. Aussi, l’ANCB félicite-t-elle
le gouvernement et son Chef pour les audits en cours dans différentes communes
de notre pays et souhaite que les résultats de ces audits servent à apprécier
la gestion des autorités locales. En encourageant la reddition de comptes dans
les communes, l’ANCB apporte la preuve qu’elle ne saurait cautionner une
mauvaise gestion dans une commune.
En
conséquence, le Bureau National de l’ANCB en appelle à la responsabilité du
Chef de l’Etat, du Ministre en charge de la Décentralisation et des Préfets, et
les invite à prendre des mesures non seulement en vue d’une meilleure gestion
des crises actuelles mais surtout pour opérer des réformes profondes telles que
recommandé par le forum bilan sur la décennie de la décentralisation.
Par ailleurs,
l’ANCB exhorte tous les maires et leurs conseils communaux ou municipaux à une
gestion saine et concertée.
Enfin, l’ANCB
invite tous les acteurs de développement à tout mettre en œuvre afin de
favoriser le rétablissement de la paix dans les conseils en crise et
l’apaisement général dans toutes les communes, gage d’un climat de confiance
pour le développement local durable.
Vive la
décentralisation au service du développement local !
Vive les
communes !
Vive le Bénin
décentralisé !
Je vous
remercie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire