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He Justin ADJOVI, |
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Excellence
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Chers membres du Bureau de l’Assemblée Nationale,
Honorables députés,
Chers collègues,
Depuis
février 1990, soit plus de 27 ans déjà, notre pays, la République du Bénin,
s’est résolument engagé sur la voie de la démocratie, démocratie dont il est
d’ailleurs le berceau en Afrique. Mais depuis peu, il est dans des
incertitudes, et les élus du peuple que nous sommes, avons l’obligation
de dénoncer cet état de chose, quoi qu’il nous en coûte, au risque d’être
complice devant l’histoire.
Monsieur
le Président de l’Assemblée Nationale,
L’histoire
de notre pays, de notre peuple, est jalonnée de lutte, une histoire, qui comme,
celle de beaucoup d’autres peuples qui refusent de subir n’est pas un long
fleuve au cours tranquille. Nous devons y puiser les valeurs, qui nous
permettent d’être en phase avec cette phrase de notre hymne national
« Enfants du Bénin débout »
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, qui d’entre nous n’a pas
applaudi le Président de la République lorsqu’alors candidat, il a donné à
notre peuple l’espoir de l’avènement d’une justice libre, espoir résumé par
cette phrase « un Etat qui ne respecte pas les décisions de justice est
un Etat voyou »
Qui n’a pas rêvé d’un Bénin plus démocratique en entendant le candidat Patrice
TALON dénoncer les supers pouvoirs d’un Président de la République trop
puissant, pouvoirs qu’il avait donné l’assurance de ramener à leurs justes
contenus s’il était élu ?
Qui n’a pas vu venir l’éclosion de notre économie lorsque le candidat Patrice
TALON, en tandem avec un des plus grands opérateurs économiques du pays lors de
la campagne pour le 2ème tour de l’élection présidentielle a déclaré que
ce dernier serait son principal allié s’il devenait Président de la
République ?
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, les interrogations sont
nombreuses et il serait fastidieux de vouloir les énumérer.
Mais voilà le candidat Patrice TALON désormais président de la République pour
que naissent d’autres interrogations.
Notre peuple
vit avec angoisse
Les
conflits d’intérêts au sommet de l’État dont les plus grandes manifestations
sont le fameux PVI à histoire, les achats de domaine de l’État non mis en
vente, le monopole sur le Coton et l’anacarde, les marchés gré à gré, les
attributions fantaisistes d’agréments, et la liste est longue
Le limogeage et la traque des responsables syndicaux et de la société civile
qui s’opposent aux actes illicites.
L’acharnement
politique contre Maires, Députés, anciens Directeurs Généraux, anciens
Ministres, opérateurs économiques et menaces sur certains responsables
d’institutions qui refusent de croire au prétendu nouveau départ.
L’organisation de concours frauduleux, notamment au niveau de la Caisse
Nationale de Sécurité Sociale et de la justice alors que le Président avait
fait de l’un de ses thèmes de campagne, la lutte contre la fraude
Les redressements fiscaux sélectifs à travers la mise en exécution d’un plan de
destruction des opérateurs économiques nationaux. Sinon, comment comprendre
qu’un harcèlement fiscal de plus de 165 milliards de francs CFA soit
adressé à un seul opérateur économique pendant que le PVI est exonéré de toutes
taxes et droits douaniers.
L’accentuation de la pauvreté au lieu de sa réduction
Les déguerpissements sauvages de nos mères, épouses, sœurs et frères du site
d’exercice de leurs activités économiques
Le licenciement en masse, les recrutements ou nominations de parents et amis du
cercle restreint du pouvoir au mépris de toute déontologie
Le mépris des lois, notamment celles sur le RAMU et le Cos-lépi et
l’application de lois rejetées par la Cour Constitutionnelle
La démobilisation hasardeuse des militaires, livrant à la rue des citoyens qui
n’ont appris que le métier des armes, ouvrant ainsi la porte à l’insécurité.
La vassalisation de l’Assemblée Nationale qui se manifeste entre autre par la
mise entre parenthèse de son règlement intérieur qui se traduit notamment par
les nombreux ateliers d’imprégnation des députés sur instigation du
gouvernement, sur des textes qui ne sont pas introduits à l’Assemblée Nationale
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
La révision du Code électoral qui se prépare en catimini par certains de nos
collègues est le prochain complot contre notre peuple. Il se susurre que la
CENA est dans le viseur des complotistes. Il nous plait de rappeler ici que la
CENA est une expérience heureuse, copiée par les Etats d’Afrique et qu’elle
nous a évité les crises post-électorales. Nous voudrions attirer l’attention de
l’opinion nationale et internationale sur la gravité exceptionnelle du risque
de disparition ou de défiguration de la CENA ; la Paix post-électorale
dans notre pays dépend de ce fleuron de notre démocratie.
Les Béninoises et les Béninois ont encore en mémoire la très vive tension qu’il
y avait eu entre le Président de la République et son prédécesseur. Si
l’élection présidentielle de 2016 avait été organisée par le Ministère de
l’Intérieur, nous sommes tous conscients du risque de trouble que cela aurait
engendré.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Depuis l’historique vote du 04 avril 2017, l’Assemblée Nationale est comme
coupée en deux hémisphères : La majorité parlementaire et la minorité
parlementaire.
La minorité parlementaire, signataire de la présente déclaration se félicite de
l’issue de ce vote qui a été précédé par une montée inquiétante de la tension
dans notre pays par des manifestations çà et là, notamment devant le parlement.
Certains naïfs pensaient que détenteur de la force publique, le gouvernement
aurait maitrisé la situation ; erreur. Il y avait plus fort au Burkina-Faso
voisin ; même le redoutable Shah d’Iran qui avait une sécurité des plus
redoutables dans la région Asie a dû son salut à la fuite pour aller finir en
exil.
Nous avons la conscience claire sur notre vote de ce 04 avril 2017 et nous
recommencerions si cela était à refaire.
Nous voulons ici également saluer nos collègues qui n’ont pas eu la même vision
que nous ce 04 avril 2017. Ils ont voté en leur âme et conscience, et c’est
cela aussi la démocratie. C’est pourquoi nous exigeons qu’il nous soit reconnu
aussi ce droit à la liberté et à la différence, que certains ont du mal à
accepter.
La dernière manifestation de cette incurie a été l’attitude du préfet du
plateau qui, à l’occasion des manifestations du 1er août 2017, a invité les
populations à lyncher un de nos collègues pour avoir émis son vote contre la
révision de la Constitution.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Nous nous insurgeons et élevons la plus vive protestation contre le
comportement de ce préfet inculte et antidémocrate et exigeons que l’Assemblée
Nationale se saisisse du dossier afin que de pareils comportements ne se
répètent à l’avenir.
Notre vote du 04 avril 2017, Monsieur le Président, a permis au Gouvernement de
lancer la vulgarisation de son PAG. Ne serait-ce que pour cela, le Gouvernement
devrait nous en être reconnaissant. Notre pays est résolument et
irréversiblement engagé sur la voie de la démocratie ; il ne reculera pas
quelles que soient les intimidations ; qu’on se le tienne pour dit. C’est
en raison de cet engagement que du haut de cette tribune, nous appelons notre
peuple à la vigilance…
Vive la Démocratie
Vive le Bénin
Je vous remercie
Ont signé les Députés de la
minorité parlementaire