Outre les vaccins
administrés gratuitement aux enfants de 0 à 11 mois dans les centres de santé,
il en a d’autres qui ne sont malheureusement pas bien connus des parents. Il
s’agit des vaccins hors Programme Elargi de Vaccination (PEV) encore appelé
vaccins non pris en charge par l’Etat. Dans cet entretien qu’il a accepté nous
accorder, le Chef division vaccination et recouvrement de coûts (Cdvrc) à la
direction départementale de la santé de l’Ouémé, Rigobert Missikpodé parle des
vaccins non pris en charge par l’Etat, les conséquences sur l’organisme des
enfants, le coût de ces vaccins, etc.
Rigobert Missikpodé, CDVRC-DDS Ouémé |
Certains vaccins postnataux ne sont pas pris en compte par l’Etat, quels sont ces vaccins ?
Rigobert
Missikpodé : C’est vrai que tous les vaccins
dont les enfants ont besoin pour se protéger contre certaines maladies ne sont
tous pas encore disponibles dans le Programme Elargi de Vaccination (PEV). Mais
ce que je peux déjà dire c’est que la cible du PEV, c’est les enfants de 0 à 11
mois. Et jusqu’à la date du 3 décembre 2018 il y a au moins dix (10) vaccins que
nous administrons aux enfants âgés de 0 à 11 mois. Mais à partir du 3 décembre
passé, on a introduit un autre vaccin et ces vaccins sont passés de 10 à 11
antigènes pour les enfants. Pour les vaccins hors PEV qui ne sont pas pris en
charge par l’Etat, on peut parler du vaccin contre la fièvre typhoïde
(Typhim-VI), la méningite, la pneumo 23. Il y aussi le vaccin anti hépatite
pour lequel l’Etat offre trois doses aux enfants de la tranche de 0 à 11 mois. Mais
à partir de 15 mois, c’est les parents qui achètent ce vaccin aux enfants. Pareil
pour le vaccin PCV13 qui lutte contre 13 serotypes d’infections pulmonaires, l’Etat
offre trois doses de ce vaccin aux enfants de 0 à 11 mois et les parents se
chargent d’acheter le reste à partir de 15 mois.
Quel rôle joue chaque vaccin non pris en charge dans la vie des enfants ?
Un vaccin
administré stimule le système immunitaire de l’enfant à fabriquer des anticorps
spécifiques contre le germe responsable de la maladie contre laquelle il a été
vacciné. De façon simple, quand on
administre un antigène à un enfant, c’est pour que l’organisme de l’enfant
puisse fabriquer des anticorps spécifiques contre le germe responsable de la
maladie contre laquelle il a été vacciné.
Quelles sont les conséquences sur la santé des enfants qui ne reçoivent pas ces doses de vaccins ?
La conséquence,
c’est l’exposition de ces enfants non vaccinés contre ces maladies. Par exemple,
l’enfant qui n’a pas été vacciné contre la méningite, est exposé à la méningite
lorsque le germe de la méningite entre en contact avec son organisme. Lorsque vous
ne vaccinez pas un enfant contre l’hépatite B, c’est sûr qu’il va contracter la
maladie quand il sera en contact avec le virus de l’hépatite B. Le risque que
courent ces enfants, c’est le risque de faire la maladie une fois en contact
avec le germe responsable de ces maladies.
Tous les vaccins non pris en charge sont-ils disponibles dans les officines et quel est le coût de chaque vaccin non pris en charge?
Si je prends le
vaccin contre la fièvre typhoïde, Typhim-Vi par exemple, c’est disponible.
Quand nous prescrivons ce vaccin aux parents, ils vont dans les officines et quand
ils ramènent le produit, il y a une étiquette qui est collée au flacon et on
voit souvent neuf mille trois cent et quelque franc Cfa. Sur le vaccin de la
Rougeole-Oreillon-Rubéole (ROR) vendu en pharmacie sous le nom de Priorix, le
prix avoisine quatorze mille franc Cfa environ. Ce que je sais, les vaccins
sont disponibles dans les pharmacies.
Au regard de vos expériences, les parents acceptent ils payer les vaccins non pris en charge pour leurs enfants ?
Il y a deux
conditions ici. Premièrement, il faut que les parents aient l’information. Parce
qu’il faut qu’on communique correctement sur les vaccins
hors PEV. La plupart des mères d’enfant quand elles finissent de faire les
vaccins qui sont dans le PEV après neuf mois, elles ne sont pas informées qu’il
y a encore d’autres vaccins qu’on pourrait administrer aux enfants. Après
l’information, la deuxième condition, il faut qu’ils aient les moyens. Parce
que les vaccins en général sont des produits qui coûtent chers, surtout par
rapport au niveau de vie de la majorité des parents.
Pourquoi l’Etat ne prend pas en charge ces vaccins ?
Il y a des critères pour que l’Etat décide de
prendre en charge gratuitement la vaccination d’un certain nombre de maladies. S’il
s’agit d’une maladie qui touche un grand nombre de populations, cela devient à
coup sûr un problème de santé publique et l’Etat étant le garant de la sécurité
sanitaire de la population, prend la situation au sérieux. Il y a aussi ce
qu’on appelle la sévérité de la maladie par rapport à une tranche d’âge donnée.
Si c’est une maladie qui touche un plus grand nombre d’enfants, rapidement,
l’Etat ne dort pas sur des dossiers du genre. En ce qui concerne les vaccins
hors PEV, on aurait souhaité que l’Etat prenne en charge le coût de ces vaccins
au profit de la population mais est ce que c’est un problème de moyens ? Les
épidémiologistes sont mieux placés pour répondre à cette question.
Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit de l’Etat et des partenaires techniques et financiers (PTF) ?
Je demande aux
partenaires au développement d’avoir un œil regardant et d’appuyer l’Etat
béninois. C’est vrai qu’ils le font déjà, ils accompagnent sérieusement et
correctement l’Etat béninois dans le cadre de la vaccination de la population.
Mais je souhaite qu’ils prennent aussi les vaccins hors PEV en compte pour le
bien-être des enfants.
Propos recueillis et transcrits par Fidèle KENOU
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