09/01/2019

« Les mères d’enfants ne sont pas informées qu’il y a encore d’autres vaccins… » dixit Rigobert Missikpodé à propos des vaccins hors PEV


Outre les vaccins administrés gratuitement aux enfants de 0 à 11 mois dans les centres de santé, il en a d’autres qui ne sont malheureusement pas bien connus des parents. Il s’agit des vaccins hors Programme Elargi de Vaccination (PEV) encore appelé vaccins non pris en charge par l’Etat. Dans cet entretien qu’il a accepté nous accorder, le Chef division vaccination et recouvrement de coûts (Cdvrc) à la direction départementale de la santé de l’Ouémé, Rigobert Missikpodé parle des vaccins non pris en charge par l’Etat, les conséquences sur l’organisme des enfants, le coût de ces vaccins, etc.
Rigobert Missikpodé, CDVRC-DDS Ouémé

Certains vaccins postnataux ne sont pas pris en compte par l’Etat, quels sont ces vaccins ?

Rigobert Missikpodé : C’est vrai que tous les vaccins dont les enfants ont besoin pour se protéger contre certaines maladies ne sont tous pas encore disponibles dans le Programme Elargi de Vaccination (PEV). Mais ce que je peux déjà dire c’est que la cible du PEV, c’est les enfants de 0 à 11 mois. Et jusqu’à la date du 3 décembre 2018 il y a au moins dix (10) vaccins que nous administrons aux enfants âgés de 0 à 11 mois. Mais à partir du 3 décembre passé, on a introduit un autre vaccin et ces vaccins sont passés de 10 à 11 antigènes pour les enfants. Pour les vaccins hors PEV qui ne sont pas pris en charge par l’Etat, on peut parler du vaccin contre la fièvre typhoïde (Typhim-VI), la méningite, la pneumo 23. Il y aussi le vaccin anti hépatite pour lequel l’Etat offre trois doses aux enfants de la tranche de 0 à 11 mois. Mais à partir de 15 mois, c’est les parents qui achètent ce vaccin aux enfants. Pareil pour le vaccin PCV13 qui lutte contre 13 serotypes d’infections pulmonaires, l’Etat offre trois doses de ce vaccin aux enfants de 0 à 11 mois et les parents se chargent d’acheter le reste à partir de 15 mois.

Quel rôle joue chaque vaccin non pris en charge dans la vie des enfants ?

Un vaccin administré stimule le système immunitaire de l’enfant à fabriquer des anticorps spécifiques contre le germe responsable de la maladie contre laquelle il a été vacciné.  De façon simple, quand on administre un antigène à un enfant, c’est pour que l’organisme de l’enfant puisse fabriquer des anticorps spécifiques contre le germe responsable de la maladie contre laquelle il a été vacciné.

Quelles sont les conséquences sur la santé des enfants qui ne reçoivent pas ces doses de vaccins ?

La conséquence, c’est l’exposition de ces enfants non vaccinés contre ces maladies. Par exemple, l’enfant qui n’a pas été vacciné contre la méningite, est exposé à la méningite lorsque le germe de la méningite entre en contact avec son organisme. Lorsque vous ne vaccinez pas un enfant contre l’hépatite B, c’est sûr qu’il va contracter la maladie quand il sera en contact avec le virus de l’hépatite B. Le risque que courent ces enfants, c’est le risque de faire la maladie une fois en contact avec le germe responsable de ces maladies.

Tous les vaccins non pris en charge sont-ils disponibles dans les officines et quel est le coût de chaque vaccin non pris en charge?

Si je prends le vaccin contre la fièvre typhoïde, Typhim-Vi par exemple, c’est disponible. Quand nous prescrivons ce vaccin aux parents, ils vont dans les officines et quand ils ramènent le produit, il y a une étiquette qui est collée au flacon et on voit souvent neuf mille trois cent et quelque franc Cfa. Sur le vaccin de la Rougeole-Oreillon-Rubéole (ROR) vendu en pharmacie sous le nom de Priorix, le prix avoisine quatorze mille franc Cfa environ. Ce que je sais, les vaccins sont disponibles dans les pharmacies.

Au regard de vos expériences, les parents acceptent ils payer les vaccins non pris en charge pour leurs enfants ?

Il y a deux conditions ici. Premièrement, il faut que les parents aient l’information. Parce qu’il faut qu’on communique correctement sur les vaccins hors PEV. La plupart des mères d’enfant quand elles finissent de faire les vaccins qui sont dans le PEV après neuf mois, elles ne sont pas informées qu’il y a encore d’autres vaccins qu’on pourrait administrer aux enfants. Après l’information, la deuxième condition, il faut qu’ils aient les moyens. Parce que les vaccins en général sont des produits qui coûtent chers, surtout par rapport au niveau de vie de la majorité des parents.

Pourquoi l’Etat ne prend pas en charge ces vaccins ? 

 Il y a des critères pour que l’Etat décide de prendre en charge gratuitement la vaccination d’un certain nombre de maladies. S’il s’agit d’une maladie qui touche un grand nombre de populations, cela devient à coup sûr un problème de santé publique et l’Etat étant le garant de la sécurité sanitaire de la population, prend la situation au sérieux. Il y a aussi ce qu’on appelle la sévérité de la maladie par rapport à une tranche d’âge donnée. Si c’est une maladie qui touche un plus grand nombre d’enfants, rapidement, l’Etat ne dort pas sur des dossiers du genre. En ce qui concerne les vaccins hors PEV, on aurait souhaité que l’Etat prenne en charge le coût de ces vaccins au profit de la population mais est ce que c’est un problème de moyens ? Les épidémiologistes sont mieux placés pour répondre à cette question.

Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit de l’Etat et des partenaires techniques et financiers (PTF) ?

Je demande aux partenaires au développement d’avoir un œil regardant et d’appuyer l’Etat béninois. C’est vrai qu’ils le font déjà, ils accompagnent sérieusement et correctement l’Etat béninois dans le cadre de la vaccination de la population. Mais je souhaite qu’ils prennent aussi les vaccins hors PEV en compte pour le bien-être des enfants.
Propos recueillis et transcrits par Fidèle KENOU

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